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Le pape est-il infaillible ?

J'ai posé intentionnellement la question de cette manière provocante, et j'imagine déjà les protestations outrées et véhémentes de lecteurs qui vont me dénoncer au Vatican sans même avoir lu cette rubrique. Poser ainsi la question, ce n'est pas y répondre, mais attirer l'attention sur des interprétations erronnées autant que répandues.
Première vérité inattaquable : c'est l'Esprit-Saint qui est infaillible. Sans lui, aucun homme ne saurait l'être si ce n'est le seul qui était en phase complète et permanente avec le Père et lui, malgré la fragilité et la finitude de sa propre humanité, Jésus le Christ.
Deuxième vérité indiscutable : puisque l'Eglise est le Corps du Christ, elle bénéficie, sous l'impulsion de son Chef, de tout ce qui a fait vivre Jésus durant sa vie terrestre. En particulier de l'élan de l'Esprit. Elle en bénéficie collectivement mais chacun de ses membres est emporté dans la même dynamique : à la suite du Christ, tous les baptisés sont prêtres, prophètes et rois.
De ce fait, tous les baptisés sont égaux devant Dieu : qui est donc habilité à parler au nom de l'Eglise ? La réponse de la théologie est sans ambiguïté, mais elle est ambivalente. Elle s'appuie sur la dignité partagée des enfants de Dieu et sur l'expérience de la communauté primitive, ainsi que sur des constatations qui relèvent de la psychologie la plus élémentaire : tous les chrétiens ont le droit (sinon le devoir) de donner leur avis, mais si leur dignité est égale devant Dieu, leur humanité, et donc leur compétence, est inégalement fragile. Quelques-uns, siècle après siècle, ont à porter la responsabilité de l'Eglise, c'est-à-dire à répondre d'elle devant Dieu : ceux qui ont succédé aux apôtres (les évêques), et ceux qui les assistent (prêtres et diacres). C'est la collégialité du corps épiscopal qui porte donc en premier lieu la responsabilité du Peuple de Dieu.
Alors, vous ne croyez pas que le pape est infaillible ? Ne nous emballons pas. Le dogme de l'infaillibilité pontificale est récent et n'a été utilisé comme tel depuis qu'il a été promulgué qu'une seule fois (à l'occasion de la proclamation de l'Assomption de Marie). Voici ce qu'en dit le concile Vatican I : "Le pontife romain, lorsqu'il parle ex cathedra, c’est-à-dire lorsque, remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, il définit, en vertu de sa suprême autorité apostolique, qu'une doctrine, en matière de foi ou de morale, doit être admise par toute l'Église, jouit par l'assistance divine à lui promise en la personne de saint Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue l'Église, lorsqu'elle définit la doctrine sur la foi ou la morale. Par conséquent, ces définitions du Pontife romain sont irréformables de par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l'Église." Je souligne : cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue l'Église ; ce n'est donc pas le pape qui est infaillible, c'est l'Eglise. Et ce n'est pas un contestataire iconoclaste qui le prétend, c'est le dogme lui-même, vous venez de le lire. Il revient simplement au pape, successeur de Pierre, responsable de la collégialité épiscopale, de décider s'il convient de donner corps à un article de foi ou de morale : c'est en cela qu'il bénéficie de l'assistance de l'Esprit, pour ne pas juger sur sa propre subjectivité.
L'usage de cette prérogative pontificale est donc soumis à des conditions draconiennes, qui expliquent qu'elle n'ait pas été plus souvent utilisée :
> un sujet est proposé par des chrétiens ; qu'ils le reconnaissent ou pas, ils n'ont pas forcément la compétence et de toute façon pas la responsabilité d'en juger.
> il revient au pape, pasteur suprême, garant de la foi, de vérifier si la proposition est conforme à la doctrine de l'Eglise ; il s'entoure pour cela de toutes les compétences nécessaires.
> si tel est la cas, il doit ensuite vérifier l'infaillibilité de l'Eglise : la proposition fait-elle consensus dans l'Eglise ? Il doit donc recueillir l'avis des évêques, en leur nom personnel à cause de leur responsabilité, et au nom de leurs diocèses qu'il sont invités à consulter.
> si toutes ces conditions sont réunies, il lui revient de prendre la décision finale et de proclamer le dogme, en vertu de sa responsabilité propre, avec l'assistance de l'Esprit Saint qui a éclairé l'Eglise.
Plusieurs propositions ont été transmises pendant le pontificat de Jean-Paul II : elles ont toutes échoué. Par exemple :
> un groupe de lobbying (duquel le père Marcial Maciel, que Jean-Paul II admirait sans assez bien le connaître, était proche) voulait que soit accordé à Marie le titre de "corédemptrice", à l'égal de Jésus. On dit que le pape était tenté à titre personnel mais que le rigoureux défenseur de la doctrine Josef Ratzinger, dont c'était la mission, lui a facilement fait admettre que les bases théologiques d'une telle affirmation étaient plus que fragiles et qu'une telle définition ne présentait pas beaucoup d'intérêt - si tant est qu'elle ait pu être reconnue exacte - et beaucoup de dangers, notamment pour l'unité de l'Eglise et le dialogue œcuménique.
> bien des gens, à tous les niveaux, lui demandaient de dogmatiser la nécessité du célibat des prêtres et l'interdiction de l'ordination de femmes. Bien qu'il ait évidemment partagé ce point de vue, il a eu la sagesse de reconnaître que ni l'un ni l'autre ne font consensus dans l'Eglise (c'est le moins qu'on puisse dire). Il s'est contenté de la déclarer solennellement, mais pas "ex cathedra" comme une vérité de foi, de telle sorte que ces points de discipline ne sont pas passés au rang de dogmes et restent donc ouverts.
Pour en revenir au titre, il faut être clair : non, ce n'est pas le pape qui est infaillible, c'est l'Eglise tout entière ; oui, il bénéficie du fait de sa responsabilité propre d'une assistance particulière de l'Esprit Saint, pour ne pas se tromper dans les diverses étapes de son examen, et pour la mettre en œuvre...
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