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Les sept dons de l'Esprit
3. Esprit de force et de science

Esprit de force
"La raison du plus fort est toujours la meilleure", avons-nous appris. Mais auprès de Dieu, la logique du pot de fer n'a pas cours, et ici encore, il joue du paradoxe :
Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. Mais ce qu'il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages ; ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort ; (1Co 1, 25.27)
(Dieu) m'a déclaré : " Ma grâce te suffit : car ma puissance se déploie dans la faiblesse. " C'est donc de grand cœur que je me glorifierai surtout de mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ. C'est pourquoi je me complais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les détresses, dans les persécutions et les angoisses endurées pour le Christ ; car, lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort. (2Co 12, 9-10)
Bien sûr, la force de Dieu n'est pas ordonnée à la domination, à la puissance. Elle est opposée à la violence, elle est la force des non-violents, elle éclate dans le face-à-face entre Jésus et Pilate dans l'évangile de Jean : d'un côté, celui qui détient le pouvoir et la puissance ("ne sais-tu pas que j'ai le pouvoir de te relâcher et le pouvoir de te crucifier ?"), pitoyable dans sa peur de la hiérarchie, dans ses questions existentielles et ses angoisses spirituelles ; de l'autre, l'agneau conduit au sacrifice, qui n'ouvre pas la bouche mais dont le courage et l'assurance impressionnent son interlocuteur.
L'esprit de force nous fait regarder la vie en face, peut-être pas sans peur mais avec assurance. Il nous invite à nous tenir debout, dans la barque qui ballotte au gré des vagues et des tempêtes, à regarder vers l'avenir à construire plutôt que vers un passé qui rassure. Malgré la faiblesse humaine dont nous ne nous évaderons pas, il fait jaillir en nous, et par nous dans le monde, la force de Dieu.

Esprit de science
Il ne s'agit pas de "savoir", ni de "connaissance" pas plus que pour l'intelligence ou la sagesse. "J'aurais beau connaître tous les mystères et toute la science, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien.", nous dit Saint Paul (1Co 13, 2bd). La radicalité de Saint Paul ramène à rien nos connaissances humaines intellectuelles. A ne pas répéter trop fort à nos potaches ! Connaître, c'est littéralement "naître avec", et donc entrer dans l'intimité d'une vie. C'est le mot que la Bible emploie pour évoquer les relations sexuelles. L'esprit de science ne nous "apprend" rien sur Dieu, il nous fait entrer dans son intimité. Quand je vis avec la femme que j'aime, qu'importe qu'elle ait les cheveux blonds ou bruns, les yeux verts ou bleus, toutes ses dents ? Ces informations ne comptent plus, elles ne disent plus rien, une seule chose compte : je l'aime. Si j'entre dans l'intimité de Dieu, aucun discours théologique ne m'apprendra plus rien : je suis aimé et invité à aimer en retour. L'esprit de science m'invite à cet abandon qui me fait tout concentrer en Dieu : plus rien n'existe en dehors de lui, tout existe à travers lui. Ne pas l'accepter, c'est ouvrir la porte à l'idolâtrie :
Ce qu'il y a d'invisible depuis la création du monde se laisse voir à l'intelligence à travers ses œuvres, son éternelle puissance et sa divinité, en sorte qu'ils sont inexcusables ; puisque, ayant connu Dieu, ils ne lui ont pas rendu comme à un Dieu gloire ou actions de grâces, mais ils ont perdu le sens dans leurs raisonnements et leur cœur inintelligent s'est enténébré : dans leur prétention à la sagesse, ils sont devenus fous et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible contre une représentation, simple image d'hommes corruptibles, d'oiseaux, de quadrupèdes, de reptiles. (Rm 1, 20-23)
Ne croyons pas être à l'abri ! Les idoles d'aujourd'hui n'ont plus de têtes d'animaux mais des tubes cathodiques, des billets de banque, ou même peut-être tout simplement notre tête !
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