Retour à l'accueil

[ Choisir une autre fiche ]
Le vent et la liberté (1)
Quand la bible parle de vent

Le vent souffle où il veut, que ce soit vent d'été, brise de printemps ou tempête d'hiver. Impalpable mais puissant, il impressionne souvent les enfants. Il est un symbole de liberté, expression d'un Dieu libre qui se révèle et s'offre mais ne se laisse jamais piéger dans les constructions ou les démonstrations humaines. Au contraire, il nous en libère !

Le vent souffle où il veut...
C'est un dicton populaire que Jésus cite à Nicodème effaré devant l'incroyable nouveauté que lui propose ce jeune rabbi : "le vent souffle où il veut, tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l'Esprit." (Jn 3,8)
Le rapprochement entre le vent et l'Esprit est ancien. Le caractère mystérieux du vent en fait un symbole éloquent de l'action de Dieu. Mieux encore, un même mot désigne à la fois le vent en tant que souffle, déplacement d'air au sens le plus étendu, et l'esprit (ruah en hébreu et pneuma en grec) à tel point que la distinction est souvent difficile à faire et la confusion facile. Que peut donc nous apprendre le vent sur le mystère de Dieu ?

Aux quatre vents...
Quand la bible parle de vent, elle ne dit pas toujours la même chose.
Il y a d'abord, mais si, le vent météorologique. C'est de lui qu'on parle par exemple dans les voyages maritimes de Saint Paul. C'est lui aussi qui amène la pluie ou au contraire dessèche la nature. Bienfaisant, il est don de Dieu : "Quand il donne de la voix, c'est un mugissement d'eaux dans le ciel ; il fait monter les nuages du bout de la terre, il produit les éclairs pour l'averse et tire le vent de ses réservoirs." (Jr 10, 13) ; malfaisant, Dieu nous en délivrera : "Ils n'auront plus faim ni soif, ils ne souffriront pas du vent brûlant ni du soleil, car celui qui les prend en pitié les conduira, il les mènera vers les eaux jaillissantes." (Is 49, 10)
Bien sûr, le vent est aussi un symbole de déstabilisation (la tempête qui renverse, nous savons ce que ça veut dire aussi en France depuis quelques années...) voire même d'éparpillement (le vent qui emporte la bale). De ce fait, même ce vent naturel apparaît le plus souvent comme un instrument de Dieu, soit qu'il exécute naturellement une intention de Dieu, soit qu'il ait été délibérément provoqué par lui pour accomplir sa volonté : il renversera ses ennemis ou les dispersera comme le fétu ou les feuilles mortes : "Entends-tu bien ? De longue date j'ai préparé cela, aux jours anciens j'en fis le dessein, maintenant je le réalise. Ton destin fut de réduire en tas de ruines des villes fortifiées. Leurs habitants, les mains débiles, épouvantés et confondus, furent comme plantes des champs, verdure de gazon, herbe des toits et guérets, sous le vent d'orient." (Is 37, 26-27) ; "Tu les vanneras, le vent les emportera et l'ouragan les dispersera ; pour toi, tu te réjouiras en Yahvé, tu te glorifieras dans le Saint d'Israël." (Is 41, 16)
C'est aussi la tempête qui emporte le vaisseau où Jonas avait cru pouvoir échapper à sa mission (Jon 1, 4) Ce vent qui exécute les ordres de Dieu est particulièrement présent dans l'Exode et c'est Dieu qui en est l'origine. C'est lui qui, à l'intervention de Moïse, fait souffler le vent d'est qui apporte les sauterelles en Egypte, puis qui l'inverse pour débarrasser le pays du fléau (Ex 10, 13-18) ; c'est lui aussi qui fait souffler ce même vent d'est qui partage la mer pour laisser passer les israélites (Ex 14, 21) ; c'est lui enfin qui fait souffler un vent qui déroute un vol de cailles pour le faire s'abattre, épuisé, sur le camp des israélites affamés qui ce jour là auront de la viande à manger (Nb 11, 31)

Ce vent lui-même devient un symbole : il n'a pas besoin de souffler, il est une image de l'action de Dieu : "Ainsi parle Yahvé : Je vais faire se lever contre Babylone et contre les habitants de Leb Qamaï un vent destructeur." (Jr 51, 1)
Cette action est parfois ambiguë. Témoin l'émouvante rencontre entre Elie et Dieu à l'Horeb. Dieu ne se manifeste à son prophète ni dans l'ouragan, ni dans le feu, ni dans le tremblement de terre, mais dans "le bruissement d'un souffle ténu" (1R 19, 12). On pourrait comprendre que la manifestation de Dieu est faite de douceur : ce n'est pas un contresens si on éclaire ce passage de la lumière de l'évangile ; mais les versets qui suivent, qui annoncent des massacres au nom de Dieu, semblent contredire cette interprétation. En fin de compte, Dieu est brise légère pour ses enfants et ouragan pour les autres. Il faudra du temps pour comprendre que la deuxième catégorie ne comprend personne, et aussi qu'il peut être bienfaisant pour nous qu'il nous bouscule comme un ouragan... Peut-on dire qu'on y est arrivé au 21ème siècle quand on observe l'actualité ?
> remonter