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Des noms pour Dieu


Comment faut-il nommer Dieu ?
Vaste question ! Si elle n'est pas avant tout préoccupante pour les enfants, elle peut l'être pour les adultes. Les noms traditionnels donnés à Dieu ne sont pas innocents, car ils véhiculent une signification qui peut être incompréhensible ou déplacée aux enfants du 21ème siècle.
Pour la plupart, ils sont hérités de la Bible, mais ils font aussi référence à une société qui ne nous est plus familière. Petit inventaire...
* Dieu : la majuscule transforme le nom commun en un nom de personne. Les juifs en faisaient autant en ajoutant une marque de pluriel : "el" signifie dieu et désigne les inconsistants dieux des nations ; au pluriel "elohim" peut, suivant le contexte, désigner les dieux ou le Dieu par excellence, le Dieu d'Israël. Objection : ce n'est pas un vrai nom propre, c'est comme si je désignais mes enfants par Garçon ou Fille : ça manque de personnalité, ça fait vague.
Ainsi, Moïse devant le buisson ardent demande-t-il à Dieu son nom : un nom qui soit une vraie marque de sa personnalité. Dieu se désigne par un nom intraduisible que les juifs, impressionnés, cesseront de prononcer : YHVH (Yahweh).
* Seigneur : les juifs désignent alors Dieu par le nom Adonaï, traduit en grec par kyrios et en latin par dominus, ce qui en français donne Seigneur. C'est une dénomination très courante, mais que recouvre-t-elle chez les enfants ? Dans notre pays républicain, toute trace de féodalité a, peut-on penser, disparu. On ne retient des seigneurs que des clichés cinématographiques assez réducteurs : le chef de guerre dominateur, hautain, altier sinon méprisant et condescendant. Et c'est ce sobriquet que nous collons à Dieu Amour ? La noblesse moderne ne donne pas non plus une bonne image de celle de Dieu.
* Trinité : terme interdit pour des petits enfants ! Le catéchisme leur apprendra plus tard la richesse de ce terme abstrait et presque inutilisable même pour bien des adultes... O mon Dieu, Trinité que j'adore, priait sainte Elisabeth de la Trinité...
* Père : pourquoi pas aussi : certains penseront qu'on affaiblit la Trinité en la réduisant à un de ses membres. D'une certaine manière c'est vrai. Mais contempler l'un des personnages de la Trinité, c'est contempler sa richesse ; prier l'un des trois, c'est s'adresser à Dieu dans sa globalité. Comment imaginer que l'un pourrait avoir des secrets pour les autres ou se détacher des autres ? Mais prier Dieu comme Père n'est pas sans inconvénient, surtout pour les enfants qui ont une vie familiale difficile.
* Jésus : il a donné un visage humain au Fils. Et la foi catholique nous affirme que Jésus n'est pas n'importe quel homme : Dieu, né de Dieu, il est, dans sa vie humaine même la présence de Dieu entré en humanité. Il le reste après sa résurrection : il n'est pas un personnage historique, il est Dieu marchant sur nos chemins. Prier Jésus n'est pas s'adresser à un homme d'autrefois, c'est entrer dans l'intimité du Fils de Dieu.
Chacun choisira suivant sa sensibilité. Pour nous, nous avons préféré parler de Jésus, aussi bien pour désigner le personnage enraciné dans notre histoire que le ressuscité présent parmi nous. Les autres noms viennent aussi parfois, mais ils ne sont plus alors que des désignations de la personne de Dieu-avec-nous, sans autre contenu. Les psy ne seront pas trop d'accord : chaque mot reste chargé de sens, et pas forcément celui qu'on voudrait. Raison de plus pour les choisir avec soin.

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