24ème jour : Le vieil arbre que tout le monde croyait mort a refleuri :au milieu des hommes, de leurs disputes et de leurs méchancetés, l'amour de Dieu a aussi refleuri.
Le temps passe à Bethléem. Joseph est allé au bureau des soldats romains pour le recensement. Il n'était pas content, il pensait à ses jeux d'enfant, quand il s'amusait à battre des romains avec ses copains. Il pensait à ces deux soldats qui avaient battu une femme de son village. Maintenant qu'il avait grandi, il n'avait plus envie de se battre mais il aurait voulu que les hommes se respectent. Et il était bien obligé de constater que les romains qu'il avait devant lui donnaient plutôt l'impression de se moquer de lui.
Il n'était plus question de revenir à Nazareth. Marie allait avoir son enfant bientôt, elle ne pourrait plus faire le voyage. Et Joseph pensait que si cet enfant était appelé par Dieu, s'il devait être ce messie qu'on attendait, il faudrait qu'il naisse ici, à Bethléem. Ce n'était pas par hasard que la jeune femme que Dieu avait choisie pour être la mère de l'enfant avait été demandée en mariage par un jeune homme de Bethléem... Dieu sait bien profiter des hésitations des hommes. Eux, ils ne savent pas où ils vont, lui, il sait.
Un soir, Marie dit à Joseph :
- Je crois que l'enfant va venir bientôt. Ça me fait un peu peur. Heureusement que tu es là.
- N'aie pas peur. Dieu aussi sera avec toi. Et moi je ne te laisserai pas seule.
- Pas question, Joseph ! intervint sa mère. La naissance, c'est une affaire de femmes. Je serai là pour aider Marie et si c'est nécessaire j'appellerai Ruth qui habite juste à côté et qui a aidé pour des naissances difficiles avec succès. Tu verras ton enfant plus tard. C'est la loi, tu le sais.
Joseph ne répondit pas mais il commençait à trouver que cette loi de Moïse qu'il respectait tellement ne respectait pas tellement les hommes. Ce serait sans doute bien que le messie puisse la changer...
La nuit vint. Marie ne vint pas se coucher près de Joseph mais resta près de la porte. Joseph devina mais lui fit un sourire et lui envoya de loin un baiser, avant que sa mère n'éteigne la mèche de la lampe à huile.
Joseph avait du mal à dormir. Au milieu de la nuit, il entendit du bruit, la porte qui s'ouvrait. Il avait envie de sauter, de sortir lui aussi.
- Bouge pas, murmura son père qui était tout prêt de lui. Je devine ce que tu sens, j'ai connu ça moi aussi. Tout ira bien, ne réveille pas tout le monde.
Joseph ne bougea pas. Il écoutait. De la petite bergerie qui était à côté de la porte venaient des bruits étouffés. Joseph devinait ce qui se passait. Enfin il entendit un petit cri. Son père murmura de nouveau :
- Tu l'as entendu ? Il est né, et s'il a crié, c'est que tout s'est bien passé.
- Et Marie ?
- Laisse-la se reposer, elle en a bien besoin. Et tu sais bien que tu ne dois pas l'approcher pour le moment...
- Ça m'est bien égal, interrompit Joseph. Donner la vie à un enfant ne peut pas être désagréable à Dieu puisqu'il nous aime et que la vie vient de lui !
Joseph ne bougea pas mais ne se rendormit pas. Le silence était revenu. Pas pour longtemps. En écoutant bien, Joseph entendait du bruit. Il y avait des animaux qui marchaient, des moutons qui bêlaient. Son père murmura de nouveau : "qu'est-ce que c'est que ce remue-ménage en pleine nuit ?"
Cette fois Joseph se leva, arriva à la porte sans déranger les dormeurs. Dehors, il vit Marie étendue dans la bergerie et l'enfant qu'elle avait enveloppé dans des langes, couché dans la mangeoire des animaux. Marie fit un signe de la main. Et juste à côté, il y avait Eliezer, le berger que Joseph connaissait bien et qu'il avait accompagné un jour avec le troupeau dans la montagne1. Plus loin, on voyait arriver d'autres bergers avec leurs troupeaux.
- Tu es béni, Joseph ! dit Eliézer. Ton fils sera le roi que notre peuple attend depuis si longtemps. Un ange est venu nous l'annoncer dans la nuit, dans la montagne où nous gardions les troupeaux. Il y a eu une grande lumière et tous les anges du ciel ont chanté : "Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur terre, paix aux hommes car Dieu les aime !"
1Voir les 14ème et 15ème journées.
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