L'aventure de Joseph
20ème jour : Heureuse celle qui a cru !

Il y avait plus de trois mois que Marie était partie. Joseph trouvait le temps long. La maison était terminée, il n'avait plus envie de travailler ailleurs. Il attendait.
Enfin, un jour, Salomé passa en courant pour annoncer que Marie était arrivée avec une caravane, qu'elle était fatiguée. "Et tu vas la trouver changée", dit-elle avant de repartir en courant.
Changée ? Fatiguée ? Il fallait qu'elle le soit pour ne même pas être venue le voir. Le soir arrivait, elle n'était pas encore venue. Joseph décida d'aller voir lui-même. En approchant de la maison, il aperçut Marie, mais il resta sur place : ou bien elle avait grossi, ou bien... elle attendait un enfant. On ne voyait pas grand-chose, mais Joseph en était sûr. Il ne finit pas d'arriver chez Marie, il revint chez lui.
Marie enceinte ? Mais de qui ? Elle l'avait trompé ! Elle savait pourtant que Joseph pourrait la renvoyer publiquement et qu'elle serait condamnée à mort ! On la tuerait à coups de pierres. Joseph trembla : ça jamais ! Même si elle m'a trompé, je l'aime toujours ! Je ne veux pas qu'on la tue ! Mais je ne peux plus vivre avec elle. J'irai voir son père, je lui demanderai de terminer le contrat, je la renverrai sans rien dire à personne. Tout le monde s'en doutera, on me prendra pour un imbécile ? Tant pis. Et Joseph était très malheureux.
Mais le soir, quelqu'un vint chez lui : enfin, c'était elle. Elle ne souriait pas, elle avait l'air très embêtée. Ils restèrent un long moment à se regarder sans rien dire puis enfin c'est Marie qui dit d'une petite voix :
- Joseph... je suis désolée pour toi. Mais ce n'est pas ce que tu crois. Je te jure que je n'ai jamais approché un homme.
- Tu te moques de moi !
- Non. Il y a longtemps que dans ma prière je demande à Dieu de nous envoyer le messie. Il y a quelques mois, il m'a demandé si j'étais d'accord pour être sa mère. Il m'a dit que l'Esprit Saint viendrait à moi. J'ai accepté. Je croyais encore à ce moment que nous allions nous marier, que nous aurions un enfant, que ce serait le messie... J'étais folle de joie ! Un ange m'a dit qu'Elisabeth, qui n'avait jamais pu avoir d'enfant, était aussi enceinte. C'était tellement merveilleux que j'ai voulu aller la voir. Je suis partie tout de suite, sans rien dire à personne, même à toi. Après, en route, je n'ai pas cessé de penser à toi. Quand je suis arrivée chez Elisabeth, elle m'a dit "Quel bonheur pour moi que tu sois venue ici, toi qui vas être la mère du messie" Je ne lui avais encore rien dit, je lui ai demandé comment elle savait, elle m'a dit : "mon enfant a bougé et j'ai tout compris. Marie, tu es heureuse, c'est bien d'avoir fait ce que Dieu te demandait !"
- Et tu n'as plus pensé à moi.
- Je n'ai jamais arrêté. Et si j'étais follement heureuse de faire ce que Dieu me demandait, j'ai compris que l'enfant était venu en moi, et je ne savais pas comment. Et plus j'étais heureuse, plus je pensais à toi. Je suis resté aider Elisabeth jusqu'à la naissance de son fils, puis je suis revenu. J'avais envie de te revoir, tu ne peux pas savoir comme tu m'as manqué. Et plus je sentais l'enfant grandir en moi, plus je pensais à toi. Je ne sais pas comment te dire. Je sais bien que tu aurais droit de demander que je sois condamnée. Si tu ne veux plus de moi, je le comprendrais bien. Mais je t'en prie, Joseph, pense que cet enfant a été voulu par Dieu.
Une fois de plus Joseph ne savait plus quoi faire. D'un côté le bonheur de retrouver Marie, de l'autre cette histoire incroyable. Marie repartit.
Joseph eut du mal à s'endormir. Au milieu de la nuit, il entendit une voix qui l'appelait :
- Qui parle ? demanda-t-il.
- Ne crains pas de prendre chez toi Marie comme épouse. L'enfant qu'elle porte est l'œuvre de Dieu. Il sera grand, tu seras comme son père. Tu lui donneras le nom de Jésus, tu l'élèveras pour qu'il puisse remplir sa mission.
Joseph se réveilla en sursaut. "C'était donc vrai cette histoire ?" pensa-t-il. Et dès le matin, il alla voir Joachim pour lui dire qu'il voulait prendre Marie comme épouse le plus vite possible.

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