L'aventure de Joseph
10ème jour : et Dieu dit que c'était mal.

Joseph avait mal dormi. Il avait rêvé à l'étoile mais elle était tout le temps cachée par des nuages.
Pourtant, le matin était ensoleillé et avait chassé les fantômes de la nuit. Il avait accompagné sa maman au puits et avait continué sa promenade vers les arbres qui bordait le village. Il aimait bien venir se cacher dans les buissons et observer ce qui se passait autour de lui.
Mais ce jour-là il entendit des cris et vit entre les branches deux soldats romains qui entraînaient une femme. Il ne voyait pas bien ce qui se passait, mais il entendait des bruits de bagarre. Il eut très peur : cette femme que les romains battaient, ça pouvait être sa maman ! Il aurait dû y aller ou courir au village chercher de l'aide. Mais il ne pouvait plus bouger tellement il avait peur. Les bruits cessèrent, il ne voyait pas bien ce qui se passait à travers les branches. Puis les soldats repartirent sans l'avoir vu. Et lui, au lieu d'aller voir ou de prévenir, repartit en courant droit devant lui et s'arrêta à l'ombre d'un buisson où il se recroquevilla en pleurant. Il avait l'impression d'entendre une voix répéter dans sa tête "c'est mal, c'est mal !"
Un moment après, il entendit une voix :
- Qu'est-ce que tu fais ici, bonhomme ?
Il leva la tête : c'était un habitant du village qu'il connaissait bien.
- Il ne faut pas rester ici, continua l'homme, il va faire trop chaud.
- Je veux pas revenir au village. J'ai peur.
- Pourquoi donc ? Tes parents vont s'inquiéter.
- J'ai vu des soldats romains, ils se sont battus avec une femme, ils l'ont tuée.
- Tu les as vus ?
- Pas bien à cause des branches.
- C'était Déborah, la femme du berger. Elle ne lui était pas fidèle, il y avait souvent des hommes qui venaient la voir, et même des romains, quand son mari n'était pas là.
Joseph ne comprit pas bien ce qu'il voulait dire et il oublia même d'être soulagé : ce n'était pas sa maman que les romains avaient battue et tuée. Il se releva en tremblant et partit avec l'homme. Le village était tout près. Quand il arriva, sa maman le prit dans ses bras :
- Joseph ! où étais-tu passé ? j'ai eu si peur.
Joseph raconta ce qui s'était passé, mais il avait du mal à calmer sa peur et ses pleurs.
- Je veux pas, maman ! pourquoi les gens sont méchants, pourquoi les soldats ont battu Déborah ?
- Je ne sais pas, Joseph. Tous les hommes sont capables d'être méchants et de faire des bêtises, des petites et des grosses.
- Tous les hommes ? Moi aussi ? Mais moi je ne veux pas être méchant ! Je voudrais que tous les hommes soient gentils, qu'ils reviennent vivre tout nus dans le grand jardin, je voudrais que le monde redevienne beau !
- Il faut prier Dieu, Joseph, il nous aidera. Et si tu veux rester bon comme il l'a demandé, si tu veux lui obéir, tu pourras peut-être aider pour que le messie puisse venir et que les hommes soient de nouveau bons.

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