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Raconter les paraboles de Jésus
Le pharisien et le publicain

[ Autre parabole ]

Lc 18, 9-14
Jésus raconte une histoire pour certains hommes qui étaient certains d'être meilleurs que tous les autres :
« Deux hommes vont au Temple pour prier. L'un était pharisien, et l'autre, publicain (collecteur d'impôts).
Le pharisien était là, tout fier, et priait en lui-même : "Mon Dieu, je te dis merci parce que je ne suis pas comme les autres hommes : voleurs, méchants, ils veulent la femme des autres, ou encore comme ce publicain. Moi, je me prive de manger deux fois par semaine et je donne un dixième de tout ce que je gagne."
Le publicain, lui, n'osait pas s'approcher ni même lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : "Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis !" Je vous le dis, c'est lui qui est devenu juste, et non pas l'autre. Si quelqu'un s'élève, il sera abaissé ; celui qui s'abaisse sera élevé. »

Simon et Joseph sont deux copains. Simon est intelligent, parle bien, a beaucoup d'idées, n'a peur de rien... Et surtout il est persuadé d'être le meilleur. Joseph est timide, il se débrouille moins bien, mais ses parents sont riches et il ne manque de rien. A cause de ça, les autres élèves de la classe ne les aiment pas tellement et sont un peu jaloux.
Un jour, la maîtresse les appelle tous les deux et annonce : "Le maire nous donne de l'argent pour repeindre le mur de la cour. Les maîtresses ont proposé que dans chaque classe, les élèves vont dessiner ce qu'ils aimeraient voir sur ce mur ; le maire choisira un dessin par classe et l'élève choisi le peindra lui-même sur le mur." Tout le monde est content. Simon commence évidemment par annoncer que ce sera forcément lui qui sera choisi. Quelques jours après, il apporte un dessin digne d'un musée. "Tu crois que tu vas arriver à peindre ça tout seul ?" demande la maîtresse. Simon n'en doute pas une seconde, la maîtresse est moins sûre. On compare tous les dessins : c'est sûr que celui de Simon est le plus réussi. Celui de Joseph n'est pas mal non plus, jusqu'à présent il n'a rien dit. La maîtresse demande : "tu l'as fait tout seul ?" Le garçon baisse la tête et murmure "Oui. Mes parents voulaient m'aider mais je n'ai pas voulu". Bien sûr, il y a plusieurs dessins réussis, mais ces deux là sont vraiment les meilleurs.
La semaine suivante, la maîtresse annonce que le maire a choisi le dessin de Joseph, parce qu'il l'a trouvé plus naturel et plus personnel...

Points de repère :
  • Le vocabulaire est un peu compliqué mais difficile à contourner :
    • le temple de Jérusalem était le lieu central de la prière des juifs, celui où on rencontre vraiment Dieu.
    • les Pharisiens sont des gens qui cherchent à mener une vie le plus possible conforme à la Loi de Moïse mais qui deviennent tatillons et prétentieux ; ils ne sont généralement pas très riches, mais ils aiment à se faire remarquer
    • les collecteurs d'impôt (évitons le terme moderne de percepteur qui ne correspond que très partiellement) collaborent avec les occupants romains et sont d'autant plus mal vus que, comme ils ne sont pas rétribués, ils sont libres de percevoir ce qu'ils veulent et certains en profitent
    • je me prive de manger : c'est l'occasion d'introduire le mot jeûner
    • le dixième ne dira peut-être pas grand-chose à des enfants qui auront peut-être avantage à le visualiser
    • "prends pitié" n'est pas un appel à la pitié d'un supérieur vis-à-vis d'un inférieur ; c'est l'expression d'un appel confiant à la bonté de Dieu qui aime aussi les pécheurs.
    • celui qui est "juste", c'est celui que son attitude de confiance en Dieu rend capable de recevoir de lui d'être en conformité avec son projet ; un synomyme est "saint", ce qui n'a rien à voir avec la sainteté telle que nous la concevons maintenant et qui est bien trop proche de la perfection.
    • se frapper la poitrine est un geste (repris encore dans la liturgie) qui n'a plus beaucoup de signification pour nous mais qui exprimait la contrition
  • Jésus ne reproche pas au pharisien ses actes : ce qu'il fait est louable ! Le problème est d'une part qu'il s'en vante, d'autre part qu'il se compare aux autres à son avantage, en portant sur eux des jugements éventuellement calomnieux.
  • Le publicain adopte une attitude humble et ne s'embarrasse pas d'un catalogue de ses péchés, mais il exprime sa confiance en Dieu (les "préparations pénitentielles" de nos messes pourraient en prendre de la graine...)
  • Attention au mimétisme : bien des gens prétendent rester au fond des églises quand ils vont à la messe, sous prétexte d'être comme le publicain : excusez-moi de vous le dire, mais non seulement ils ne le sont pas (se reconnaître pécheur ne demande pas de l'auto-flagellation), mais ils sont encore plus prétentieux que le pharisien, et en plus ils sont hypocrites ! Une attitude à déconseiller avec des enfants !