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L'esprit du Mal, sous l'apparence d'un serpent, trompe l'homme at la femme. Péché de l'humanité qui depuis se méfie à juste titre des serpents, qui sont objectivement parfois dangereux pour l'homme. Il ne s'agit pas de réhabiliter les serpents ou de conduire à l'imprudence face à eux mais de recentrer la réflexion : la création n'est pas maudite à cause du péché de l'homme et elle reste un cadeau de l'amour de Dieu.

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Il était une fois un grand jardin, magnifique, avec de beaux arbres. Au milieu du jardin, il y avait un arbre magnifique, plein de beaux fruits. Il y avait des hommes, des femmes, des enfants ; parfois Dieu venait s'y promener aussi. Tout le monde était heureux, ça se voyait sur leurs têtes, toujours souriants... Moi aussi je me promenais sans gêner personne, parce que personne ne se méfiait de moi et je ne faisais peur à personne. C'était le paradis.
Un jour, j'ai vu une jeune fille qui se promanait dans le jardin, avec son copain. Ils sont passés près de l'arbre, et j'ai été surpris : il y avait un autre serpent, enroulé autour de l'arbre. Un énorme serpent, que je n'avais jamais vu. Il leur a parlé, il avait une voix désagréable, sifflante, grinçante. Déjà, un serpent qui parle, c'est pas banal, mais celui-là... Moi, je me serais méfié, mais la jeune fille était naïve. Elle n'a pas senti le danger. Le serpent lui a dit :
- Et Dieu vous laisse vous promener partout mais il vous interdit de manger les fruits des arbres ?
- Pas du tout, nous pouvons manger de tout, sauf de celui-ci, ça nous ferait mourir.
- Mais non ! répondit le serpent bizarre. Il vous a bien eus, ça ne vous ferait pas mourir ! Au contraire, il est un peu jaloux : si vous en mangez, vous serez comme lui, et vous pourrez décider ce qui est bien et ce qui est mal.
- Ce qui est bien, c'est de faire ce que Dieu nous demande.
- Et tu es sûre qu'il ne vous demande que des choses que vous aimez faire ? Il vous a expliqué pourquoi ?
La jeune fille fit non avec la tête. Le serpent reprit :
- Tu es tellement jolie. Tu aurais pu faire une belle femme pour Dieu.
- Tu dis n'importe quoi ! Dieu n'a pas de femme et je préfère être avec mon copain.
- Peut-être que Dieu est jaloux de ton copain et que si vous êtes intelligents, vous pourrez lui demander de faire des choses spécialement pour vous.
J'ai vu la jeune fille qui regardait l'arbre, j'ai compris qu'elle allait se faire avoir. Son copain s'était approché aussi, elle lui a donné la main, elle lui a demandé :
- Qu'est-ce que tu en penses ?
- Si Dieu nous a interdit de manger ce fruit, il devait avoir une raison. Je ne peux pas croire qu'il ait essayé de nous tromper parce qu'il était jaloux.
- Tu as raison, il ne peut pas nous vouloir du mal.
Mais j'ai bien vu que la pauvre fille était tentée. Elle regardait les fruits avec envie, elle finit par dire :
- Ce serait quand même bien si ça nous rend plus intelligents...
- Mais ça nous fait désobéir à Dieu.
- Ce n'est bien grave, ricana le serpent.
- Désobéir à Dieu, ce n'est pas grave ?
- C'est une petite désobéissance... et peut-être que Dieu vous a interdit de manger ce fruit pour le moment, il pense peut-être vous le permettre plus tard...
- Il l'aurait dit.
J'ai senti qu'ils hésitaient, j'ai essayé de tourner autour d'eux pour qu'ils me voient, pour qu'ils comprennent que l'autre serpent était en train de les tromper, ils ne m'ont pas vu. J'avais honte d'être un serpent, de voir qu'un autre serpent pouvait être aussi méchant.
Elle a pris un fruit, elle l'a croqué et l'a donné à son copain. J'en aurais pleuré. Elle qui était si jolie, elle était devenue pâle, tremblante ; elle ne regardait plus son copain avec ces yeux amoureux qui étaient si beaux, qui donnaient envie d'aimer. Elle croisa ses mains sur son ventre et murmura "j'ai froid, j'ai peur". Lui non plus ne dit rien. Il cassa de grandes feuilles de figuier et de petites tiges longues, souples mais dures. Il attacha les feuilles devant leur ventre avec les tiges. L'autre serpent avait disparu, ils se regardèrent avec un sourire triste.
- Qu'est-ce que j'ai fait ? murmura-t-elle.
- Je l'ai fait aussi, je partage ta faute. Mais maintenant nous avons rejeté Dieu. Qu'est-ce qui va nous arriver ?
J'allais partir, je sentais que la poussière et les graviers du sol me grattaient le ventre, et j'ai entendu Dieu les appeler. Ils se sont cachés, mais il a insisté. Le jeune homme s'est avancé.
- Oui, j'ai eu peur...
- Qu'avez-vous fait ! Je vous avais tout donné, je vous demandais seulement d'avoir confiance en moi.
- C'est elle qui m'a poussé... murmura le jeune homme.
- Mais elle ne t'a pas obligé. Maintenant le monde est triste et vous aurez peur de tout. Les serpents vous feront mal, la terre donnera des mauvaises herbes et vous devrez travailler dur, plus rien ne sera facile.
J'avais trop mal au cœur. Je suis parti. J'ai juste eu le temps d'entendre Dieu qui leur disait : "Même si vous voulez vivre sans moi, je continuerai de vous aimer, vous pourrez toujours compter sur moi, je serai toujours avec vous."